Petite histoire de la notion d’ambiance


resumo resumo

Jean-Paul Thibaud



largement l’ensemble des situations de la vie quotidienne. Autrement dit, en s’inscrivant contre une « conception muséale de l’art » (Dewey) et en refusant l’amalgame entre expérience artistique et expérience esthétique, une telle approche redonne droit de citer aux situations les plus ordinaires.

L’importance accordée au caractère contextuel des ambiances conduit à proposer une esthétique écologique. Pour Augoyard, l’objectif est de développer des approches in situ et de construire des outils interdisciplinaires qui convoquent aussi bien « les signaux physiques perceptibles, l’ensemble des normes, règles, codes et références, enfin les instrumentations, fonctions et usages affectés à la forme construite »[46]. Pour Böhme, le problème consiste à penser le lien entre des qualités environnementales et la sensibilité humaine de manière à mieux comprendre « comment on se sent dans un environnement »[47]. Si les termes en présence pour l’un et l’autre ne sont pas les mêmes, chacun s’accorde pour penser la complexité des situations en cherchant à articuler des composantes contextuelles hétérogènes.

Cette logique de l’articulation se retrouve d’ailleurs à tous les niveaux du questionnement. Tout se passe comme si l’ambiance n’était autre que le lieu à partir duquel diverses composantes ou polarités devaient être reliées ou ressaisies dans une même dynamique. D’ailleurs, Böhme fait constamment référence à l’atmosphère comme un « entre-deux » (in-between). Pour la clarté de l’exposé, je distinguerai trois niveaux d’articulation principaux.

Premièrement, il en va du rapport entre le subjectif et l’objectif. Comme le remarque Augoyard[48], on peut revenir à la définition du terme ambiance telle que donnée dans les dictionnaires français : « atmosphère matérielle et morale qui environne un lieu, une personne… ». Pour aussi élémentaire qu’elle soit, cette définition met en évidence la conjonction entre la dimension « matérielle » et « morale ». Loin d’être anodine, cette conjonction pose problème et nécessite de développer ce que Augoyard appelle une « esthésique des intermédiaires »[49], c’est-à-dire « la part de l’Esthétique qui se préoccupe de la sensation, du contact que j’ai en tant que sujet percevant avec les propriétés physiques. » De son côté, Böhme insiste sur le fait que l’atmosphère est à la

Böhme, G. (2000) Acoustic Atmospheres. A Contribution to the Study of Ecological Aesthetics. Soundscape. The Journal of Acoustic Ecology. Vol. I, n°1, pp.14-18.

Augoyard, J.F. (2002) « Esthétique des ambiances ». Communication orale enregistrée et transcrite lors du Séminaire Ambiance tenue au Cresson en 2001-2002, Grenoble : Cresson, multigr.



[46] Augoyard, J.F. (1998) Eléments pour une théorie des ambiances architecturales et urbaines. Les Cahiers de la Recherche Architecturale. n° 42/43, pp. 13-23

[47] Böhme, G. (2000) Acoustic Atmospheres. A Contribution to the Study of Ecological Aesthetics. Soundscape. The Journal of Acoustic Ecology. Vol. I, n°1, pp.14-18.

[48] Augoyard, J.F. Eléments pour une théorie des ambiances architecturales et urbaines. Op. cit.

[49] Augoyard, J.F. (2002) « Esthétique des ambiances ». Communication orale enregistrée et transcrite lors du Séminaire Ambiance tenue au Cresson en 2001-2002, Grenoble : Cresson, multigr.















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